Récit 3: Vibouty Petchory & Izborsk

Troisième jour: 20 mai 2019

Vibouty, Petchory et Izborsk

Le beau temps persiste, malgré les cahots, sans lesquels, d'après le chauffeur, la Russie ne serait plus la Russie, nous faisons route à bord d'un minibus en direction de l'église de Vibouty. Le site est célèbre, car il serait le lieu de naissance de la princesse Olga.

Eglise de Vibouty (Photo: Alain BIGOU le 20 mai 2019) 

Moment historique. D'après la légende du XVIe siècle, le prince Igor de Kiev chassait dans les forêts de Pskov. L'autre rive lui paraissant plus riche en gibier il se mit en quête de traverser la rivière. Croyant voir un pêcheur sur une barque il l'appela, et fut surpris en constatant que c'était une jeune fille, et resta subjugué par sa beauté et son esprit, c'était la princesse Olga. Une autre légende dit aussi que "Igor aurait emmené avec lui une femme de Pskov, sage et intelligente, et que son fils Svyatoslav serait né…"

 

Portrait de la Princesse Olga (Photo: Alain BIGOU le 20 mai 2019)

Le religieux qui nous a accueilli nous fait visiter l'église, le cimetière et son habitation, véritable lieu de culte rempli d'icônes et d'objets religieux, bien entendu, bon nombre d'entre eux sont dédiés à la princesse Olga. Avant de nous séparer nous avons pu monter au clocher par une échelle de meunier. L'endroit est calme, la vue splendide, la rivière scintille sous le soleil du matin.

 

La Velikaïa à Vibouty (Photo: Alain BIGOU le 20 mai 2019)

Une demi-heure de route plus tard, nous arrivons à Petchory.
La ville de Petchory a été fondée comme "posad" près du célèbre monastère Pskov-Petchersk au XVIe siècle et devint bientôt un marché important. Pendant le règne du tsar Ivan le Terrible, Petchory était chargée de défendre la frontière. Elle fut assiégée à plusieurs reprises par les ennemis de la Russie : les forces d'Étienne Báthory de Hongrie saccagèrent le village pendant le siège de Pskov en 1581; les Suédois ou les Polonais prirent Petchory d'assaut en 1592, 1611, 1615, 1630, et de 1655 à 1657. Après le déclenchement de la Grande guerre du Nord, les Russes rénovèrent les fortifications et Boris Cheremetiev commença sa campagne contre les suédois en 1701 à Petchory.

Les remparts de Petchory (Photo: Alain BIGOU le 20 mai 2019)

Nous faisons un tour du côté est du rempart en minibus, puis à pied du sud à l'ouest pour admirer les solides murailles qui épousent les pentes du vallon.
La citadelle est construite autour des cathédrales dont une d'elles est surmontée de bulbes de couleur bleue, parsemés d'étoiles d'or. Au pied des cathédrales deux grottes sont aménagées en chapelles. L'accès à la partie basse se fait soit par une tour-porte surmontée d'une chapelle, soit par un long escalier qui traverse une pente arborée. Dans la partie basse, des massifs de fleurs près de la source sacrée donnent un côté apaisant au lieu. Après avoir visité la petite grotte nous ressortons et partons vers d'autres découvertes.

Les cathédrales de Petchory (Photo: Alain BIGOU le 20 mai 2019)

Arrivés à Bebechkino (près d'Izborsk), une surprise nous attend. Le fromager chez lequel nous devons aller nous attend au bord de la route, il nous propose la visite d'un musée discret et insolite à quelques kilomètres de là.
Nous entrons dans la région de Seto, à Sigovo, dont les habitants sont profondément attachés à leur terre et à leurs traditions. Tatiana, Notre hôtesse nous commente le musée qu'elle a créé et qui s'est enrichi au cours des années de milliers d'objets de la vie rurale du pays. Des appareils ménagers, des costumes traditionnels, des tissus notamment en lin, du mobilier…sont exposés dans un grand hangar en bois (comme la plupart des maisons) recouvert de lattes de bois et de toile bitumée.

Musée Seto à Bebechkino (Photo: Alain BIGOU le 20 mai 2019)

Des hirondelles nous distraient pendant la visite. Une remarque, tout au long de nos pérégrinations nous avons étés surpris par le grand nombre d'hirondelles qui évoluent dans le ciel. Il est vrai que la région est riche en lacs et marécages propices à la pullulation de gros moustiques.

Au moment de nous séparer Tatiana nous propose de goûter des fromage sous forme de petites boulettes de couleur jaune-orangé. Son goût me rappelle des souvenirs, en effet, j'avais mangé la même sorte de fromage lors d'un déplacement pour arbitrer une compétition de Sambo en Lituanie.

Sur un poteau, non loin du musée, une cigogne semblant couver dans son nid est nullement perturbée par notre présence.

 

Chèvre du fromager de Bebechkino (Photo: Alain BIGOU le 20 mai 2019)

Le producteur de fromage de Bebechkino nous invite à le suivre. La visite est épique, nous entrons dans une ferme quelque peu délabrée et de tout partout comme on dit chez nous.
Dans un grand enclos deux cochons extrêmement velus s'ébattent joyeusement dans une bauge. A côté, un autre enclos est occupé par une dizaine de chèvres et de brebis qui ont la possibilité de s'abriter dans une bergerie ou sont parqués les chevreaux.

Voyant le peu de cheptel présent une question me vient, je demande à l'éleveur s'il a d'autres animaux pour produire le lait nécessaire à la fabrication des fromages? Sa réponse m'a surpris: "j'achète le lait à des producteurs voisins en attendant de créer mon propre troupeau". Ce procédé n'est pas envisageable en France, du fait de l'organisation de la production, de la rentabilité du marché du lait et des produits dérivés.

Assortiment de fromages de Bebechkino (Photo: Alain BIGOU le 20 mai 2019)

La maison est en cours de restauration, la salle à manger n'est pas très grande mais la table est bien garnie. Des légumes, des côtes de chevreau et autres morceaux et … tout un assortiment de fromages, au moins six différents présentés sur un grand plateau.
Après les entrées et les autres plats nous procédons à la dégustation des fromages. On retrouve des similitudes avec des fromages hollandais, anglais, italiens et bien entendu français. La fabrication est bien maîtrisée. L'éleveur nous explique qu'il a pour but de promouvoir la production de ses fromages et celle des éleveurs voisins en vue de les commercialiser à grande échelle.

Nous sommes touchés par la convivialité et l'accueil de la famille et leur détermination a faire partager leur production. Au coup de l'étrier nous avons l'honneur de goûter de l'eau de vie de pissenlits, produite par distillation des fleurs épanouies. Etonnant mais buvable.
Nous quittons nos hôtes en les remerciant pour leur chaleureux accueil, les adieux sont émouvants.

 

Accès sud de la forteresse d'Izborsk (Photo: Alain BIGOU le 20 mai 2019)

Nous reprenons la route pour Izborsk, autre place forte à une trentaine de kilomètres de Pskov. La citadelle d'Izborsk serait à l'origine de la fondation de la ville à la fin du VIIe siècle ou au début du VIIIe siècle. Elle est mentionnée en 1962 pour la première fois dans les annales de la "Chronique des temps passés", quand Trouvor, frère cadet de Riourik, s'en proclame prince. Il se pourrait que les vestiges de l'ancienne ville appelée Truvorovo Gorodiche datent de cette époque. La forteresse d'Izborsk a défendu les frontières occidentales de la Russie pendant plusieurs siècles. Dès le VIe siècle, le site est occupé par des tribus de Slaves orientaux (les Krivitchs pskoviens) qui ont élevé des kourganes funéraires encore visibles aujourd'hui. Au IXe siècle, elle occupe une superficie de 4500 mètres carrés. En 1233 et 1240, les Chevaliers Porte-Glaive s'emparent d'Izborsk par deux fois. Ces chevaliers germaniques ont été chassés par les troupes d'Alexandre Nevsky en 1242.

Cour intérieure de la forteresse d'Izborsk (Photo: Alain BIGOU le 20 mai 2019)

La forteresse d'Izborsk est bâtie sur un dôme rocheux, elle est presque circulaire et flanquée de six énormes tours. L'accès se fait par une porte fortifiée au bout d'un long passage étroit délimité d'un côté par le rempart et de l'autre par un mur fortifié, obligeant les entrants à faire amende honorable. Les remparts nord et est surplombent la vallée d'une bonne vingtaine de mètres. Une partie des remparts a été restaurée et la couverture en bois du chemin de ronde au sommet du rempart a été reconstruite. Au centre de la cour intérieure se dresse la cathédrale St Nicolas.

Nous pénétrons dans la citadelle, montons par un solide escalier en bois construit dans la tour dite "du Clocher" et suivons le chemin de ronde du rempart sud et une partie du rempart nord. Des panneaux donnent des explications aux visiteurs sur l'histoire et les principaux faits liés a la forteresse. Chemin faisant nous rencontrons ici et là des jeunes filles, assises derrière un chevalet ou munies d'une planche à dessin, dessinant ou peignant des parties de la forteresse, ce sont certainement des étudiantes en peinture ou en architecture.

Nous visitons la cathédrale, ensuite nous sortons et longeons les remparts a l'extérieur du côté de la vallée. Le sentier se dirige vers le petit lac Gorodichenskoïe. A une trentaine de mètres du lac , dans une descente, une paroi abrupte laisse apparaitre une épaisse strate horizontale de roche au dessus de laquelle surgissent plusieurs sources formant une série de cascades, ce sont les "Clés Slovènes".

Les sources "Clés slovènes" près de la forteresse d'Izborsk (Photo: Alain BIGOU le 20 mai 2019)

Clés Slovènes: Monument hydrologique de la nature, situé sur la rive gauche du lac à 25 mètres du rivage. Température de l’eau 8-8.5 degrés. La minéralisation est de 200-340 mg/l, pH 7.2-8.5. L'eau est sans couleur, inodore, transparente. La puissance des sources est de 3,5 litres par seconde. La source est âgée de plus de 1000 ans mais la première évocation écrite des Clefs Slovènes remonte au XVIIe siècle.
 
Nous poursuivons jusqu'au lac en contrebas, il est alimenté par les sources et par la rivière Smolka. Sur le lac évoluent des cygnes qui vivent là toute l'année. Face à la falaise, une jeune fille installe son chevalet près du ruisseau et se met à peindre les cascades.
Pour rentrer au parking nous longeons le rempart ouest flanqué de quatre grosses tours rondes.

 

Rempart nord d'Izborsk (Photo: Alain BIGOU le 20 mai 2019)

De retour à Pskov nous allons dîner au restaurant "Helga", le meilleur de Pskov, aménagé dans un cadre moyenâgeux. Le repas est sympathique et fidèle à la réputation de l'établissement. Nous engageons la conversation avec le serveur il nous explique comment il prépare sa spécialité locale à base de fruits qu'il met à macérer durant une semaine dans divers alcools, ensuite nous passons à la dégustation des diverses préparations, du nectar, à consommer avec modération.

N'oubliez pas de voir les albums photos consacrés à ces visites

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